Je poussai la porte de la petite maison à Egham, dans la banlieue de Londres dans laquelle j'avais grandi. C'était le jeudi et le jeudi je venais faire les courses pour ma mère qui n'avait pas mis le nez dehors depuis le 13 juillet 1995. Parfois, je me demandais comment ma mère se débrouillerait si je n'étais pas là ? Il ne fallait pas compter sur Matt, mon grand-frère, pour qu'il vienne s'occuper d'elle sauf bien sûr pour venir voler ses chèques envoyés par la sécurité sociale. «Je suis là, maman.» criai-je tout en déposant dans un grand soulagement les tonnes de courses que je lui avais fait pour la semaine. A ma grande surprise, ma mère n'était pas là et autour de moi une dizaine de cartons jonchaient le sol. Petit mouvement de sourcil interrogateur. «Qu'est ce que tu as encore achetée sur internet ?» demandai-je. Ma mère avait découvert les joies des achats en ligne depuis quelques années maintenant. Plus besoin de sortir, elle aurait pu même se faire livrer ses courses, mais elle préférait que cela soit moi qui m'en occupe. Elle ne voulait pas que des inconnues touchent sa nourriture. Voilà, c'était ma mère. Je me penchai pour ouvrir un premier carton et j'en sortais un godemiché. Puis, un autre. Puis, un troisième.  «Mais, qu'est-ce que c'est tout ça, tu te lances dans l’industrie de la pornographique ?» Ma mère était très décomplexée par rapport à la sexualité. Je me souvenais encore comme si c'était hier, l'anniversaire de mes treize-ans où comme cadeau d'anniversaire elle voulait faire venir un couple pour que je vois comment cela marchait. Une sorte de concert live, mais de parties génitales. Je vous raconte pas donc ce que j'ai eu pour mes dix-huit ans. Ma mère descendit les escaliers et m'embrassa dans un grand smack sonore qui me laisse la moitié de son rouge à lèvres. «Non, chéri, j'ai une idée extraordinaire, tu connais les clubs de lectures ?» Je me lavai la joue d'un coup de pouces. «Oui, je vois.» Ma mère prit un godemiché dans chaque mains et s'écria. «Je vais lancer dans le quartier un club de masturbation. On ferra des rencontres ici, on discutera de techniques et on aura des exercices pratiques. Tu veux que je t'y inscrive ?» J'ai eu l'impression que ma bouche venait de se détacher de ma mâchoire. J'avais définitivement un mère qu'aucun enfant n'aura jamais.

«Tiens, voilà soixante-dix.» maugréai-je en tendant les quelques billets que j'avais tiré de mon portefeuille. «C'est tout ?» S'étonna mon frère, du haut de ses trente-cinq ans, pas rasé et suant le whisky comme la sueur. Je le regardai avec des grands yeux car j'avais toujours été la bonne poire, mais qu'il ne fallait pas pousser quand même. «Ok, Ok, cela ira.» J'engouffrai mes mains dans ma veste, car le petit vent venant de la tamise me faisait frisonner. Matt sur mes talons alors que nous pénétrions dans Soho. Mon grand-frère fidèle à lui-même s'arrêta devant un clodo endormit sur son bout de trottoir et lui vola quelques pièces dans le gobelet à ses pieds. Je protestai par un haussement de sourcil. «Hey ! J'en ai plus besoin que lui et il n'a qu'à bosser.» Je m'arrêtai et le fixai longuement car là c'est vraiment l’hôpital qui se fautait de la charité. Matt n'ajouta rien et rangea son butin dans les poches de son jean délavé. Car, je n'avais jamais vu mon frère travailler de sa vie. Il se démenait plutôt pour vivre au crochet des autres. Je savais qu'il vivait chez quelques vieilles femmes, une sorte de gigolo pour veuve en manque de compagnie. Parfois, quand je pensais à mon frère je ne savais pas trop quoi penser. Il vivait des petites arnaques à l'assurance et vu l'odeur qu'il dégageait aujourd'hui, il ne devait pas avoir prit de douche depuis plusieurs jours. «Dis moi, Clyde, cela fait mal une bite dans le cul ?» me demanda mon frère comme ça, comme si de rien n'était entre un magasin de fringues et un fish and chips. Sur le coup, j'ai failli m'étrangler et j'enchaînai aussitôt avec un : «Pourquoi tu me demandes cela, bordel ? Tu veux me tuer ?» «Je commence à devoir pas mal de fric. Je me dis que je pourrais peut-être me tourner vers les mecs. Ils doivent plus payer que les vieilles avec qui je traîne en ce moment.» La question je suppose normal que j'aurais du poser ensuite c'était combien il devait et lui proposer de l'aider à payer ses dettes. Mais, j'avais fait cela toute ma vie et j'avais clairement pas envie de l'aider. Je préférai plutôt lui foutre la trouille de sa vie. «Bah, écoute, je vais pas te mentir, tu dégustes la première fois...» «C'est vrai ? Putain, je le savais !» «En plus, cela dépend de la taille de l'engin en face, mais il faut que je te prévienne, certain sont morts avec certains. Cela les a percés de l'intérieur et ils se sont vidés comme des huîtres...» Je vis mon grand-frère, définitivement con comme une bite, commencer à blêmir. Qu'est ce qu'il pouvait être idiot,  mais c'était mon frère et je l'aimais.

Voilà, nous étions les Littlewood, que cela vous plaise ou non, fuck yourself !