MERCI LE COLOCATAIRE

Il me demande de le suivre, j'accepte. Apparemment il a de quoi me loger, apparemment c'est pas cher. Il s'arrête. Je regarde autour, c'est une rue sombre, il y a des chats qui traînent, des poubelles renversées, des bouteilles en verre explosées sur le trottoir. Je ne dis rien. C'est toujours mieux qu'au froid sous un pont. La porte s'ouvre. La lumière s'allume. Je ne dis rien, j'observe. Il pose sa veste sur le canapé, j'entre. Une odeur de tabac froid arrive jusqu'à mes narines et me fait froncer les sourcils. Il reste des bières sur ce qui fait office de table de salon, du moins je suppose. Un chien se met à aboyer, je sursaute et recule d'un pas en arrière. « c'est Juliette elle est pas méchante » me dit-il. J'ai du mal à le croire. Je suis face à un golden retriever et je suis censée rester calme. « C'est pas un nom de chien. » je me tais. Un silence s'installe, je me mets à l'aise. C'est ici que je vais habiter, je vais faire plus communément de la colocation avec ce type et ce chien ; alors j'agis comme si j'étais d'ores et déjà chez moi. Je fais le tour de la pièce, un tour vite fait, la pièce ne fait pas plus de 20m². Je suis impressionnée d'y trouver autant de choses si désordonné. Je m'arrête sur une guitare traînante, je souris, je l'attrape. Je gratte deux trois notes sans même me préoccuper du chien qui s'assoit paisiblement devant moi. C'est endroit est misérable, comme moi, mais je m'y sens déjà bien. Mon colocataire est partie dans une autre pièce, surement l'unique autre pièce. Je continue d'examiner son studio, seule. Il revient, je lui fais remarquer : « pas trop de photos par ici » c'est vide, c'est impersonnel, ça m'intrigue. Il ne répond pas, je relève pas non plus. Il est tard, demain je bosse, il faut que je dorme « c'est où le lit ? » (...) tout a commencé ainsi, un soir d'hivers.