1) une nouvelle vie

« Tu veux arrêter l’école ? Tawnee ! Il ne te reste même pas un an ! »
« Je sais je sais. Mais j’en ai assez de trouver des stages géniaux dans de grandes maisons juste parce que les stylistes se rappellent que ma mère a été mannequin. J’en ai assez d’être pistonnée, je veux réussir moi-même … entre Tawnee avant d’être une Palmer … »
« Purée, y’en a qui tueraient pour avoir ce que tu as … »
« Je sais. Mais tu me connais, tu sais à quel point je suis têtue … »
« Oh que oui … »
Cette conversation, Tawnee était en train de l’avoir avec Louise, sa colocataire depuis trois ans. Toutes deux étudiantes dans une grande école de stylisme londonienne, elles étaient tombées sur la même annonce de colocation, avaient toutes les deux été déçues de l’appartement qu’elles avaient visité et avaient décidé de s’installer ensemble, sur un coup de tête, sans vraiment se connaitre. Et trois ans après, elles étaient devenues de vraies amies, et la compétition que régnait au sein de l’école n’avait pas réussi à les séparer. Même si Louise était parfois un peu jalouse des stages proposés à Tawnee, un peu partout dans le monde, elle adorait travailler à quatre mains sur un projet avec elle, ou participer à une fashion week, placée dans les premiers rangs. Mais jamais, elle n’aurait pensé que son amie ne finirait pas sa dernière année d’études, juste pour se lancer toute seule. Pendant une semaine entière, elle essaya de la convaincre de retourner à l’école. Mais les valises de la jeune blonde étaient déjà bouclées, et têtue comme elle l’était impossible de la faire changer d’avis. Retournée vivre chez ses parents, Tawnee passait des journées à parcourir les petites annonces sur internet, à la recherche du local parfait qui accueillerait sa future activité professionnelle, un lieu à la fois bien placé, avec pignon sur rue, et un étage ou une arrière salle suffisamment grande pour y installer un atelier de couture. Les trois quarts des visites qu’elle effectuait se soldaient par un échec, elle avait un budget précis, et voulait absolument s’y tenir, ne voulant utiliser que l’argent qu’elle avait mis de côté et ce que la banque voulait bien lui prêter au vu de son âge et de ses revenus. Elle trouva la perfection trois semaines après, et s’empressa de signer un compromis de vente. Un mois plus tard, la vente fut conclue et elle avait en mains les clés de sa propre boutique. Ses parents étaient un peu désemparés face à cette soudaine décision de leur seule fille, qu’elle arrête ses études ne leur semblaient pas vraiment une bonne idée, et qu’elle refuse leur aide financière pour pouvoir dire que ce projet était son bébé à elle les embêtait. Elle était leur seule fille, et ne voulaient pas la voir échouer. Mais lorsqu’elle les emmena chez « Tawnee’s wedding dresses », et qu’elle lui montra l’avancée des travaux, qu’elle faisait en partie seule, et les plans en détails de sa boutique, ils ne purent que se sentir fiers de ce petit bout de femme qui avait réussi toute seule à réaliser ses rêves. Certes, le plus dur était à faire, se trouver une clientèle et se faire un nom, mais ils savaient qu’avant son obstination, elle arriverait à faire décoller son chiffre, sans leur aide.